Ancienne parèdre de Yahvé

27/11/2022

Saviez-vous que Yahvé a déjà eu une compagne? Hé oui, le dieu unique de la Bible a déjà eu une compagne, une déesse du nom d'Ashera. Elle était vraiment très populaire il y a 4 000 ans. Des tessons de poterie trouvés dans le désert du Sinaï datant du VIIIe siècle avant notre ère portent l'inscription « Je vous ai bénis par YHWH et son Ashera ». Ashera était associée à l'abondance, à la chance, à la fertilité, à la fécondité, à la moisson et à la richesse, à l'instar de Lakshmi, la parèdre de Vishnou dans l'hindouisme. Ashera était aussi désignée sous le vocable « Reine du Ciel ».

Le nom « Ashéra » figure 40 fois dans la Bible. Dans certaines traductions, son nom a été malheureusement remplacé par l'expression « poteaux sacrés ». Il faut dire qu'elle pouvait être représentée aussi bien par une figurine pilier d'une femme qui se tient les seins avec les bras et les mains, que par un arbre stylisé ou par un poteau.

Les archéologues ont découvert de très nombreuses figurines piliers d'Ashera datant du VIIIe et du VIIe siècle avant notre ère. Dans le Pentateuque, ces figurines piliers sont considérées comme des idoles à démolir, car elles constituent un recul par rapport au monothéisme et comme une transgression du deuxième commandement de Dieu, lequel interdit de faire des représentations de divinité ou d'animaux et de se prosterner devant elles. Le culte à Ashera aurait progressivement disparu à partir de 630 avant notre ère, lorsque le roi Josias a recentré le culte sur Yahvé comme dieu unique.

Les figurines piliers d'Ashera montrent bien que le polythéisme était encore bien présent chez les israélites de l'époque, malgré l'instauration d'une religion officiellement monothéiste. Dans certaines conférences, Thomas Römer, du Collègue de France, précise même que des statues de Yahvé et d'Ashera ont déjà séjournées dans le saint des saints du temple de Jérusalem et qu'il y avait probablement de ces statues dans l'Arche de l'Alliance.

Même si le culte d'Ashera a disparu, il a été remplacé par un attachement particulier à la Sagesse dans le livre des Proverbes. On y indique que Yahvé a émané la Sagesse avant ses œuvres les plus anciennes. Elle était l'œuvre auprès de lui. Elle a été établie depuis toute éternité, dès le commencement, bien avant l'origine de la terre. Elle fut enfantée quand il n'y avait point d'abîmes, point de sources chargées d'eaux, avant « le premier atome de la poussière du monde ». La Sagesse était là lorsque Yahvé créa l'Univers. C'est par la sagesse qu'il a fondé la terre.

Yahvé aurait donc émané la Sagesse du néant pour s'unir à elle et créer l'Univers. Cela me fait penser à Métis (déesse de la sagesse), la première épouse de Zeus dans la mythologie grecque. Pour éviter que la prophétie selon laquelle le fils de Métis le supplanterait, Zeus avala son épouse. Métis vit éternellement dans les entrailles de Zeus. Ça me fait aussi penser à Brahma qui épouse la déesse Sarasvati (déesse de la sagesse) qui est à la fois sa demi-sœur et sa fille dans l'hindouisme. Brahma est sanctionné par les autres divinités pour cet acte incestueux. C'est pour cette raison qu'il n'y a presque pas de temples dédiés à Brahma et qu'il est aussi peu vénéré même s'il a créé le monde.

Dans plusieurs religions, notamment l'hindouisme, les divinités mâles ont souvent une parèdre, c'est-à-dire une déesse qui leur est associée. La parèdre étant souvent inférieure à son équivalent mâle, elle est plus proche de nous et, donc, plus accessible. Elle fait l'objet d'un culte souvent plus grand que leur équivalent mâle, surtout auprès des femmes.

Dans le catholicisme, la Vierge Marie est désignée par l'expression « mère de Dieu » et on lui voue un culte particulier, l'hyperdulie. Ce culte ressemble au culte voué à Cybèle, la Grande Déesse phrygienne désignée par l'expression « Mère des dieux ». Cybèle, qui a été adoptée par les Grecs et les Romains, était l'une des déesses antiques les plus adulées au Proche-Orient et en Méditerranée.

En tant que chrétiens, serait-ce vraiment si grave si Dieu avait une parèdre? Après tout, au chapitre 1, verset 26 de la Genèse, Dieu parle comme s'il était plusieurs lorsqu'il dit « faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance ». Je laisse la question à votre libre appréciation.

J'aimerais vous indiqué qu'en Inde, j'ai vu plusieurs femmes hindouistes, aussi bien vishnouites que shivaïte, aller prier la Vierge Marie pour s'assurer une descendance. C'est donc dire que la Vierge Marie est perçue là-bas comme une déesse de la fertilité et de la fécondité.

En terminant, les chrétiens donnent à la Vierge Marie le titre de « Reine du Ciel », soit le même titre qui était donné à Ashera! Y aurait-il une constance dans la spiritualité chez l'humain?

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