La date de Noël
Jésus est-il vraiment né le 25 décembre de l'année précédant l'an 1 de notre ère? Examinons plus attentivement la question pour y voir plus clair.
Les seules sources que nous avons sur la naissance de Jésus sont les récits qu'on trouve dans le Nouveau Testament de la Bible, plus précisément dans la première partie de l'Évangile selon Saint Mathieu et de l'Évangile selon Saint Luc. Il faut savoir que le premier évangile s'adresse principalement aux Hébreux et cherche à démontrer que Jésus est un descendant de David et qu'il est véritablement le Fils de Dieu. Tout son argumentaire vise à convaincre les Hébreux d'accepter Jésus comme le Fils unique de Dieu sinon, Dieu se choisira un nouveau peuple élu (les chrétiens). Quant à l'Évangile de Saint Luc, il ne place pas les événements sur le plan historique, mais tout l'évangile se présente comme un chemin qui commence à Bethléem et menant à Jérusalem. Comme Saint Luc était médecin, il met plus l'accent sur les miracles de guérison. L'objectif de l'un et l'autre de ces deux évangélistes n'était pas de proposer un récit chronologique. Les textes de chacun de ses évangiles diffèrent largement et sont même parfois contradictoires.
Ces deux évangiles précisent que la naissance de Jésus a eu lieu sous le règne du roi Hérode le Grand. Grâce à l'historien Flavius Josèphe, on sait qu'Hérode est nommé roi en l'an 40 avant notre ère et qu'il régna 37 années après sa nomination. Cet historien précise qu'il y a eu un recensement en Judée en l'an 7 avant notre ère. On sait aussi que la mort du Christ a eu lieu sous l'administration de Ponce Pilate, qui a été préfet de Judée entre l'an 26 et l'an 36 de notre ère et que Jésus avait 33 ans. Les historiens s'entendent généralement pour dire que le Christ est né entre 7 et 3 avant notre ère.
Au IIe siècle, on estimait que de Notre Seigneur Jésus-Christ était né durant l'année du recensement de Quirinius, soit en l'an 6 de notre ère.
C'est le moine chrétien Denys le Petit qui a fixé au début du IVe siècle la date de la naissance du Christ au 25 décembre de l'année qui précède l'an 1. Ce sont les travaux colossaux de ce moine qui ont permis de fixer la datation des événements antérieurs et postérieurs à la Naissance du Christ. Il est important de préciser qu'il n'existe pas d'année zéro ni dans le calendrier julien, ni dans le calendrier grégorien; on passe directement de l'an -1 à l'an 1. Il est aussi à noter que le calendrier de Denys le Petit accuse un retard de 2 ans par rapport au récit de l'Évangile de Saint Luc et de 4 ans par rapport au récit de l'Évangile de Saint Mathieu.
Si le Christ est né le 25 décembre, pourquoi l'année commence-t-elle le 1er janvier? Pour répondre à cette question, il faut connaître les us et coutumes chez les Israëlites de l'époque. L'entrée du nouveau-né mâle dans la communauté se faisait le jour de la circoncision, laquelle avait lieu le huitième jour du poupon. Or, le 8e jour correspond au 1er janvier et c'est exactement ce jour-là qu'était célébrée la circoncision de notre Seigneur Jésus-Christ jusqu'en 1970. Depuis 1970, le 1er janvier est dédié à la Théotokos (la mère de Dieu) et on ne célèbre plus la circoncision du Christ.
Tout cela étant dit, le choix du 25 décembre est avant tout symbolique. Au début de notre ère, on estimait que le 25 mars (quelques jours après l'équinoxe) constituait le premier jour de la création du monde. Or, ce serait aussi le jour de la conception de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa mort ou de sa résurrection.
Il faut aussi mentionner que Noël le 25 décembre permet aussi de supplanter certaines fêtes païennes du solstice d'hiver, notamment : les saturnales, la naissance du dieu solaire Mithra et la victoire de la lumière sur les ténèbres, la Dies Natalis Solis et Yule.
Durant les saturnales, qui avaient lieu du 17 au 24 décembre, on décorait les maisons notamment avec du houx et du gui, on offrait des cadeaux aux enfants et on organisait des banquets. Les gens ne travaillaient pas, les tribunaux étaient suspendus et les exécutions interdites. Les gens portaient des guirlandes autour du cou et sacrifiaient un mannequin d'un jeune homme pour symboliser la vitalité renouvelée. On enlevait les chaînes à la statue du dieu Saturne. Même les esclaves jouissaient d'une liberté provisoire. Les saturnales se clôturaient par la fête des sigillaires durant laquelle on décorait la maison de plantes vertes, on organisait une réception, on offrait des cadeaux en terre cuite. Les esclaves devenaient les maîtres et les maîtres devenaient esclaves pour un jour; une façon bien originale pour se rappeler l'importance de bien traiter les esclaves l'année durant.
Quant au dieu solaire Mithra, il était considéré comme le sauveur du monde. Au cours de la tauroctonie, Mithra tue un taureau dans une grotte, et le sang du taureau est répandu pour la régénération du monde. Après le sacrifice du taureau, le Soleil s'incline devant Mithra en signe de respect. Le Soleil et Mithra s'unissent, mangent sur la dépouille du taureau, puis Mithra-Sol s'envole sur un char vers les cieux. On parle alors de l'assomption et de l'apothéose (déification) de Mithra.
La fête du Dies Natalis Solis, qui avait lieu le 25 décembre, visait à célébrer le jour de la naissance du dieu solaire Sol Invictus (soleil invincible). Ce dieu naissait enfant, puis surgissait d'une grotte sous la forme d'un jeune homme.
La fête de Yule, qui s'apparente légèrement à Noël chez les anciens peuples germaniques et scandinaves avant leur christianisation, durait 4 semaines au cours desquelles chaque dimanche on allumait une des quatre bougies pour symboliser la renaissance de la lumière.
En fixant Noël le 25 décembre et en rassemblant une partie des pratiques de ces anciennes traditions, l'Église a permis aux nouveaux chrétiens de continuer de fêter le solstice d'hiver tout en leur donnant une nouvelle raison de le faire.
Pour conclure ce billet, j'aimerais vous mentionner qu'un grand astrologue du XXe siècle (Alain Yaouanc) s'est allié avec un ingénieur et docteur en mécanique céleste (Michel Garnier) pour déterminer quelle serait, selon les règles de l'astrologie, la date la plus probable de la naissance de Jésus. À une naissance aussi extraordinaire devrait correspondre un thème astral tout aussi extraordinaire sans opposition ni quadrature (éléments négatifs du thème). Le signe des Poissons devait être bien présent dans le thème astral, car c'est le signe par excellence pour désigner la spiritualité en général et la chrétienté en particulier. Il fallait aussi que le signe du scorpion soit bien présent, car c'est le signe par excellence pour désigner un grand changement de paradigme. Ils sont arrivés à la conclusion que Jésus serait né le 1er novembre de l'année 7 avant notre ère. Le thème astral qu'ils ont établi montre carrément un être parfait en tout, un être d'une grande pureté, d'une grande perspicacité, d'une grande érudition et d'une infinie sagesse, un être charismatique et rassembleur doué d'une brillante et pénétrante éloquence et possédant un véritable don de guérison.