La famille de Jésus

22/11/2022
Saint Joachim, Sainte Anne et Marie
Saint Joachim, Sainte Anne et Marie

Saviez-vous qu'une certaine partie des connaissances sur la famille de Jésus nous vient des évangiles dits apocryphes, c'est-à-dire des évangiles qui n'ont pas été retenus dans le canon parce que certains passages ne sont pas conformes à la doctrine et la foi chrétiennes.

C'est grâce à ces évangiles qu'on connaît le nom des parents de Marie, Joachim et Anne. Cette information est tirée du Protévangile de Jacques, dit le Juste, dit frère de Jésus. Ce texte constitue le plus ancien des évangiles apocryphes.

On y apprend aussi qu'Anne aurait été stérile et que la double offrande de son riche époux au Temple de Jérusalem aurait été refusée par le grand-prêtre, car Joachim n'avait pas de progéniture. Pour comprendre ici le propos, il faut savoir que selon la tradition de l'époque, on pensait que Dieu n'accordait une progéniture qu'aux hommes justes, c'est-à-dire saints devant Lui.

Anne pria si fort que le Seigneur entendit sa prière. Un ange lui apparut et lui dit qu'elle enfantera. Anne promit de consacrer l'enfant au Seigneur. Elle donna à sa fille le prénom de Marie. Anne sanctifia Marie et bénit son lit. Elle veilla à ce qu'elle ne soit en contact avec rien d'impur ou de souillé. Elle veilla aussi à ce que son pied ne foule pas directement le sol jusqu'à ce qu'elle soit offerte au Temple (autrement dit, elle aurait appris à marcher sur un drap qui aurait été préalablement béni).

À l'âge de 3 ans, Marie fut portée au Temple (pour ne pas que son pied ne foule le sol). Le grand-prêtre accueilli Marie et la bénie. Il la plaça sur la troisième marche de l'autel. La Grâce du Seigneur se répandit sur elle, puis elle s'est mise à danser sans revenir auprès de ses parents. Les vierges pures du Temple l'accueillirent au sein de leur groupe. Cette dernière passa 10 ans dans le temple.

Jusqu'à maintenant, ce récit nous indique que Marie serait issue de la classe aisée et non pas d'un milieu pauvre ou défavorisé. Ce fait est d'autant plus crédible quand on sait que le père de Jean-Baptiste, Zachary, était grand-prêtre au Temple de Jérusalem au temps de Jésus. Or, Jean-Baptiste et Jésus étaient petits-cousins du côté de leurs mères (Marie et Elisabeth - la mère de Jean-Baptiste - étaient cousines). Il faut aussi se rappeler que les prêtres faisaient partie de la classe dominante. L'autre classe dominante était les docteurs de la Loi. Ces derniers n'étaient pas prêtres et ne faisaient pas de sacrifices, mais étaient des érudits qui connaissaient par cœur le Pentateuque (par extension, la Bible hébraïque) et savaient comment l'interpréter. Les prêtres faisaient partie de l'aristocratie sacerdotale et considéraient que le pouvoir leur revenait de droit par héritage divin. Quant aux docteurs, ils croyaient que leur profonde connaissance des textes sacrés faisait d'eux les mieux habilités à exercer le pouvoir.

Pour en revenir au Protévangile de Jacques, il y est écrit qu'après 10 ans au Temple, les signes de féminité ont commencé à paraître chez Marie. Il fallait décider de son avenir. Le sort désigna un veuf avancé en âge du nom de Joseph comme protecteur de la sainteté de Marie. Joseph, qui avait des fils, expliqua à Marie qu'il accepte de la recevoir chez lui, mais qu'il devait aller travailler le jour.

Ce passage nous indique que Marie était très jeune et que Joseph, très vieux, n'était pas son époux, mais son protecteur garant de sa sainteté voire de sa virginité. On comprend mieux pourquoi ce texte n'a pas été retenu par les Pères de l'Église.

Lorsque le grand-prêtre apprit que Marie était enceinte, il fit boire de l'eau amère à Marie et à Joseph, et il les envoya sur une montagne. Cette eau amère était censée être une eau bénite additionnée de cendres prises à l'autel du sacrifice. Elle était aussi désignée sous le vocable «eau de bénédiction-malédiction», car les buveurs étaient bénis s'ils avaient dit la vérité et , dans le cas contraire, étaient très malades ou mouraient selon la gravité du mensonge. Marie et Joseph n'ayant pas été malades, Joseph put ramener Marie chez lui.

Peu avant l'accouchement, Joseph installa Marie dans une caverne et alla chercher une sage-femme. Lorsqu'ils arrivèrent à la caverne, celle-ci était couverte d'une nuée lumineuse. La sage-femme et une autre dame (Salomé) constatèrent que Marie est toujours vierge même après avoir enfanté et accouché. C'est comme si Jésus était directement sorti du ventre de Marie comme une émanation divine à travers le corps de Marie.

Je trouve ici important de souligner que cette partie du texte est entièrement conforme avec le dogme de l'Immaculée Conception. D'après ce dogme, Marie a été rachetée en considération des mérites de son Fils Jésus. Marie fut donc dès le premier instant de sa conception préservée et exempte de toute souillure de la faute originelle. Ayant été «pétrie» par le Saint-Esprit lors de la Conception virginale, elle est devenue une «nouvelle créature» de Dieu. Ainsi, Marie n'ayant pas été entachée par le péché originel ne pouvait donc pas enfanter dans la douleur. Il faut dire ici que l'enfantement dans la douleur est le châtiment réservé à Ève est sa descendance. Or, Marie étant devenue une nouvelle créature, elle ne fait plus partie de cette descendance.

Le protévangile de Jacques insiste sur la virginité de Marie avant et après l'accouchement. Il est conforme aux dogmes de l'Immaculée Conception et de la Conception virginale et explique très bien le fait  que les frères de Jésus sont en fait des demi-frères putatifs.

Ce protévangile est bien connu des milieux ecclésiastiques. Je trouve dommage qu'il n'ait pas été retenu dans le canon, même s'il s'éloigne de l'histoire officielle chez les chrétiens. Saviez-vous qu'on trouve des passages de ce protévangile dans le livre sacré des musulmans, le Coran? Je trouve surprenant de constater que les musulmans y croient, eux. Personnellement, je trouve que ce protévangile apporte un éclairage intéressant sans porter atteinte à ma foi. Au contraire, il vient la raffermir.

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