Les vertus

15/01/2023
La dispute du Saint Sacrement
La dispute du Saint Sacrement

J'aimerais aujourd'hui traiter des vertus dans le christianisme. Règle générale, le mot « vertu » au singulier consiste en la disposition intérieure à faire le bien. Lorsqu'il est utilisé au pluriel, il fait référence aux forces morales qui permettent de faire le bien.

Dans la Grèce antique, Aristote faisait la différence entre les vertus dites intellectuelles et les vertus éthiques. Il reconnaissait cinq vertus intellectuelles, à savoir la science -- ou plutôt l'action efficace -, le savoir, la prudence, la sagesse et l'intelligence. Il admettait plusieurs vertus éthiques comme la justice, le courage, la tempérance. Pour lui, les excès sont causés par l'impétuosité (l'intensité ou l'ardeur) la faiblesse dans le plaisir et dans la colère. Aristote considérait aussi que les hommes ont la capacité de devenir meilleurs par la seule pratique des vertus. Cette conception aristotélicienne a pour corollaire l'idée selon laquelle les hommes peuvent contribuer à leur salut par leurs propres moyens sans aide surnaturelle. Il s'agit de la justification (se rendre juste devant Dieu) par les œuvres. Saint Paul s'est beaucoup érigé contre cette conception et son corollaire, car les deux s'opposent directement à la notion de Grâce divine et au Salut par la Foi en Jésus-Christ. Personnellement, j'estime que c'est la raison pour laquelle la fresque intitulée La dispute du Saint Sacrement figure en face de la fresque L'École d'Athènes dans la Chambre de la Signature au palais du Vatican.

J'aimerais ici souligner que le nom La dispute du Saint-Sacrement a été donné à la fresque une fois le dogme de l'Eucharistie (présence réelle de Jésus-Christ dans l'hostie) adopté dans le cadre du Concile de Trente (1545-1563). À l'origine, elle devait porter un nom comme le triomphe de l'Eucharistie ou de l'Église. La partie inférieure de cette fresque illustre les membres du Concile engagés dans un débat rationnel pour déterminer si le Christ est réellement ou symboliquement présent dans l'Eucharistie. Quant à la partie supérieure, elle illustre le triomphe de la vérité théologique, la glorification de l'Église et la supériorité du Christ par rapport aux philosophes de L'École d'Athènes ainsi que la supériorité de la vérité théologique par rapport à la vérité philosophique.

Le Petit Catéchisme indique que les vertus sont des « attitudes fermes, des dispositions stables, des perfections habituelles de l'intelligence et de la volonté qui règlent nos actes, ordonnent nos passions et guident notre conduite selon la raison et la foi ». L'Église distingue deux types de vertus : les vertus théologales (vertus ayant Dieu pour objet) et les vertus cardinales.

Il existe trois vertus théologales, à savoir la foi, l'espérance et la charité. Ces vertus sont infusées dans l'âme des croyants. Elles vivifient les vertus morales et adaptent les facultés humaines à la participation de la nature divine. Elles sont le gage de la présence et de l'intervention du Saint-Esprit dans les facultés humaines. Les vertus théologales sont dites surnaturelles, car elles reposent sur la Grâce divine.

La foi consiste à croire en Dieu et aux enseignements de la Sainte Église. C'est par la foi que les croyants cherchent à connaître Dieu et à faire Sa Volonté.

L'espérance consiste à mettre toute notre confiance dans les promesses du Christ au sujet du royaume des cieux et la vie éternelle ainsi qu'à prendre appui sur la grâce du Saint-Esprit. Cette vertu protège contre le découragement et l'acédie.

Pour ce qui est de la charité, contrairement à ce qu'on peut penser de prime abord, elle ne désigne pas l'action de faire l'aumône. Elle consiste plutôt à aimer Dieu par-dessus toute chose et son prochain comme soi-même.

Il existe quatre vertus cardinales, à savoir la prudence, la justice, la force et la tempérance. La prudence consiste à discerner et à faire ce qui est juste et bien. La prudence guide le jugement et ordonne la conduite en fonction du jugement. C'est elle qui oriente les autres vertus en leur donnant règle et mesure. C'est grâce à cette vertu qu'on distingue le bien du mal et qu'on a des principaux moraux.

La justice consiste à rendre à Dieu et au prochain ce qui leur est dû avec constance et fermeté. On est juste envers Dieu lorsqu'on l'adore et lorsqu'on lui est fidèle dans la prière. On est juste envers son prochain lorsqu'on respecte ses droits, qu'on établit des relations humaines saines, harmonieuses et équitables ainsi qu'on traite autrui sans faveur ni complaisance. L'homme juste se différencie par une très grande droiture de ses pensées et de sa conduite.

La force consiste à continuer de faire le bien avec constance et fermeté dans les difficultés, à résister aux tentations, à affronter les épreuves avec confiance et à surmonter les obstacles.

La tempérance consiste à maîtriser ses désirs et ses appétits en faisant usage d'une bonne volonté de façon à ne pas se laisser dominer par ses passions.

Les vertus cardinales sont inscrites dans notre nature profonde. Elles prennent racine dans les vertus théologales. Elles se développent progressivement durant l'enfance grâce à l'éducation. Par la suite, elles continuent de se développer grâce à la discipline, à l'effort et à la persévérance.

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