Liberté

04/12/2022

S'il y a un mot qui a fait l'objet de beaucoup de discussions en 2022, c'est bien le terme «liberté». Or, le concept de liberté a été passablement galvaudé cette année.

Pourtant, il y a un vieil aphorisme qui dit que «la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres». Autrement dit, la liberté n'est pas absolue dans la société, elle doit s'inscrire dans le respect des règles et des lois de la société. C'est sur ce principe que devraient reposer les décisions d'un gouvernement légitime et responsable et les décisions des tribunaux. Et c'est ainsi qu'on a interdit de fumer dans les aires publiques fermées au Canada. En tant qu'asthmatique, je chéris mon droit de ne pas respirer de fumer secondaire ou tertiaire et de maintenir mon corps dans un état de santé malgré cette condition. Je sais que la liberté des fumeurs est restreinte au nom de ma liberté. Mais c'est ainsi que fonctionne une société libre et respectueuse d'autrui. La liberté doit être encadrée par des règles et des lois. À ce sujet, c'est navrant de constater que la notion de responsabilités n'a pas été intégrée dans la Charte canadienne des droits et libertés. Comme quoi, les mesures législatives ne sont pas toujours parfaites.

Durant l'enfance, on fait peu l'expérience de la liberté. On doit obéir à nos parents et tuteurs, puis à nos professeurs. Au début de l'adolescence, on cherche à acquérir davantage de liberté en défiant l'autorité, mais sans vouloir de responsabilités en contrepartie. À force de négociations, l'adolescent apprend progressivement que la liberté chèrement acquise vient avec respect des conditions dictées par l'autorité et avec l'exercice des responsabilités attribuées par cette même autorité. Une fois l'apprentissage terminé, le jeune adulte pourra intégrer aisément le marché du travail et se créer un réseau social sans encombre.

Malheureusement, certaines personnes qui revendiquent une liberté absolue n'ont pas eu l'occasion d'apprendre que liberté vient avec responsabilités. Pourtant, ce n'est pas une idée nouvelle. Déjà dans la Grèce antique, Pythagore disait que le fait d'être libre s'accompagne de devoirs et que le non-respect de ces devoirs constitue un réel danger pour la liberté des autres. On peut en déduire que la liberté absolue conduit la société dans un terrible chaos.

Même dans notre corps, la liberté est relative. On se doit de le respecter en lui fournissant un apport suffisant en oxygène, des boissons saines et une alimentation adéquate ainsi qu'en faisant régulièrement de l'exercice, sans quoi, il y aura des conséquences néfastes avec le temps. Lorsqu'on abuse, on s'en ressent. Cela est encore plus vrai si vous avez un problème de santé. Par exemple, les émissions de polluants atmosphériques lors du convoi de la liberté de février 2022 ont causé des problèmes respiratoires importants chez les personnes ayant des maladies comme l'asthme, la bronchite chronique, les bronchopathies chroniques obstructives et les problèmes cardiaques. Chez certains, leur condition s'est détériorée de façon importante et il leur a fallu plusieurs mois pour s'en remettre. Une fois le déséquilibre installé, il leur a fallu longtemps avant de revenir à un état acceptable. La liberté de ces gens a été brimée.

J'aimerais mentionner que la maturité est atteinte lorsqu'on est capable de déterminer les conséquences sur nous et sur autrui de nos éventuels faits et gestes et de tenir compte de ces conséquences dans la prise de décision finale afin de ne pas nuire à notre prochain. La liberté d'expression est un bon exemple de cette situation. Malgré les décisions des tribunaux, j'estime que la liberté d'expression ne devrait pas être absolue. Prenons l'exemple de Mike Ward et de ses blagues à répétition sur une longue période sur l'apparence de Jérémy Gabriel. Personnellement, je trouve que l'humoriste manque non seulement de compassion, mais aussi de maturité pour ne pas voir les conséquences de ses blagues sur Jérémy Gabriel. Comment se serait-il senti si monsieur Gabriel s'était suicidé? Si la Charte canadienne des droits et libertés avait eu la notion de responsabilités, la décision du plus haut tribunal aurait été toute autre. Comme autre exemple, j'aimerais prendre Charlie Hebdo. Les rédacteurs font des caricatures qui sont outrageantes sans tenir compte de l'effet de ces caricatures sur les croyants. Publier une caricature de la Sainte Trinité dans lequel il y a de doubles pénétrations anales, ce n'est pas juste de mauvais goût. C'est surtout un manque flagrant de respect envers les catholiques et la vision qu'ils ont de Dieu. Publier une caricature de Mahomet accroupi, dévoilant ses attributs, hormis son orifice caché par une étoile jaune à cinq branches avec la légende «Une étoile est née» ce n'est pas juste de mauvais goût. C'est surtout un manque flagrant de respect envers les musulmans et le prophète. De quelle autorité se donne-t-on le droit d'offenser les croyants de l'une ou l'autre des religions? Je ne suis pas en train de justifier l'attentat contre Charlie Hebdo, bien au contraire, mais je ne suis pas étonné du résultat. Il y a tellement de sujets à caricaturer, sans entrer dans le pipi, le caca, la bouette, le vomi, le nudisme et la mécréance. C'est un manque de maturité et de l'opportunisme de toujours tabler sur la provocation religieuse et sur l'apologie de la liberté d'expression sans borne pour vendre toujours plus d'exemplaires. Est-ce qu'on accepterait aujourd'hui une caricature faisant l'éloge de l'esclavage au nom d'une liberté d'expression sans borne? Je ne pense pas. On est rendu ailleurs. Heureusement, la société a évolué sur cette question.

En guise de conclusion, j'aimerais vous présenter une citation de Jean D'omersson :

Chacun est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier et de son temps

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