L'Immaculée Conception

Le 8 décembre dernier, on célébrait l'Immaculée Conception. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l'Immaculée Conception n'a rien à voir avec le fait que le Christ a été conçu par l'opération du Saint-Esprit. La conception du Christ est désignée sous le vocable « conception virginale de Jésus-Christ ».

L'Immaculée Conception consiste en un dogme selon lequel la Vierge Marie a été rachetée en considération des mérites de son Fils Jésus. Marie fut donc, dès le premier instant de sa conception, préservée et exempte de toute souillure de la faute originelle.

Bien que ce dogme n'ait été proclamé que le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX, il n'en demeure pas moins que cette révélation s'est faite progressivement et est à liée à trois autres grandes questions, à savoir la nature réelle de Jésus-Christ, le titre à octroyer à la Vierge Marie par rapport à Jésus ou à Dieu et le dogme de la trinité.

Le premier concile de Nicée en 325 proclame que Dieu s'est fait homme en Jésus-Christ et que celui-ci est Fils de Dieu. Il réfute catégoriquement l'arianisme, une idéologie qui considérait Jésus comme un être mi-homme, mi-dieu.

Le premier concile de Constantinople en 381 réaffirme la divinité de Jésus-Christ et proclame celle du Saint-Esprit.

Le concile d'Éphèse en 431 proclame que, dès la conception, la nature humaine et la nature divine de Jésus-Christ n'ont pas été séparées et que la Vierge Marie enfanta Dieu (théotokos) et non pas le Christ (christotokos). Ce dogme légitime l'hyperdulie, le culte rendu à la Vierge Marie depuis le troisième siècle. Le concile réfute catégoriquement le nestorianisme, une idéologie selon laquelle les 2 natures du Christ sont séparées et selon laquelle la Vierge Marie enfanta soit Jésus, soit le Christ. En passant, la fête de la théotokos est célébrée par les catholiques le 1er janvier.

Le concile de Chalcédoine en 451 proclame que les deux natures de Jésus-Christ sont distinctes sans être séparées. Jésus-Christ est vrai homme et vrai Dieu et il est parfait tant dans son humanité que dans sa divinité. Il réfute catégoriquement le monophysisme, une idéologie selon laquelle la nature humaine de Jésus-Christ aurait été absorbée par sa nature divine et que, par conséquent, seule la nature divine reste.

Au cours du deuxième concile de Nicée en 784, un patriarche mentionna que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils alors que le symbole de Nicée reconnu jusqu'à lors indiquait qu'il procède uniquement du Père et qu'il doit être adoré et glorifié avec le Père et le Fils. Il s'en est suivi un différend théologique très important connu sous le vocable «la querelle du filioque». À la suite de ce différend, qui dura tout de même plus de 300 ans, le symbole de Nicée-Constantinople latine a été modifié pour préciser que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils.

Dans son livre La Trinité, saint Augustin indique que le Père est tout entier Dieu, le Fils est tout entier Dieu et le Saint-Esprit est tout entier Dieu.

Pour résumer cette partie de ce billet, j'aimerais indiquer que si les deux natures de Jésus-Christ ne sont pas séparées et si le Fils est tout entier Dieu, la Vierge Marie ne pouvait qu'enfanter Dieu.

Une fois ces 3 grandes questions traitées, nous pouvons revenir au dogme de l'Immaculée Conception, dogme selon lequel, je vous rappelle, la Vierge Marie a été préservée du péché originel. Ce n'est qu'après la résolution de la querelle du filioque au XIe siècle qu'on commence tranquillement à vouer une dévotion particulière à l'Immaculée Conception de la Vierge Marie.

Pour comprendre le dogme de l'Immaculée Conception, il faut se rappeler le contexte familial de Marie précisé dans le Protévangile de Jacques. Ses parents sont vraiment très pieux. Sainte Anne promet de consacrer son enfant à Dieu dès qu'elle a appris d'un ange qu'elle serait enceinte. Saine Anne sachant que l'enfant à naître est voulu par Dieu et ayant probablement pressenti que cet enfant aura un destin hors du commun, elle prit toutes les dispositions nécessaires pour la protéger de toute impureté ou souillure dès le moment de sa conception et jusqu'à son acceptation au Temple à l'âge de 3 ans. J'ajouterais que le Protévangile de Jacques précise que la grâce du Seigneur est descendue sur Marie lors de sa présentation au Temple.

Comme je l'ai déjà mentionné, le destin hors du commun de Marie consistait rien de moins à enfanter Dieu. C'est ce destin plus qu'extraordinaire qui rendait nécessaire l'Immaculée Conception. Dieu n'aurait pas pu naître d'un corps souillé par le péché originel. Il s'agit d'une évidence.

J'ai longtemps pensé que prétendre que Marie ait accouché de Dieu constitue un non-sens, voire une aberration. J'ai d'ailleurs longtemps soutenu la thèse du Christotokos. C'est en me renseignant et en lisant que j'ai compris que je faisais fausse route.