Pollution mentale
Dans un mode où tout un chacun peut donner son avis sur n'importe quoi et promouvoir sa propre idéologie, il est de plus en plus difficile de conserver la paix d'esprit devant la quantité d'informations à notre disposition. Notre esprit est presque constamment assailli par de la publicité, des idées, des opinions, des théories qui se contredisent. Sur internet, on trouve tout et son contraire. Comment arriver à départager le vrai du faux? Comment éviter de polluer notre mental avec des idéologies douteuses?
La pollution mentale existe bel et bien. Elle peut se définir comme étant une dégradation de la liberté de pensée, une dégradation de la capacité à discerner le vrai du faux ainsi qu'une dégradation de la paix d'esprit. La pollution se glisse insidieusement dans la pensée par une exposition plus ou moins prolongée et régulière à certains types de contenu.
L'exposition à la pollution mentale ne date pas d'hier. Les guerres de religion en sont un bel exemple. Elles existaient déjà au temps de l'Ancien Testament. Au nom d'un dieu, on n'hésite pas à tuer ceux qui ne croient pas en lui ou qui croient en une autre divinité. Parfois, les guerres de religion constituent un prétexte pour s'approprier un territoire ou une ressource. La pollution mentale est telle dans ce type de guerre que l'esprit demeure en paix malgré tous les massacres. Pourtant, aucun dieu omnipotent n'a besoin de l'homme pour tuer les mécréants et les infidèles, si tel était vraiment son désir.
De nos jours, les algorithmes des médias sociaux contribuent grandement à la pollution mentale, car lorsqu'un type de contenu est consulté une première fois, d'autres contenus similaires sont affichés à l'écran par la suite. Les personnes entrent alors dans un cercle vicieux de désinformation. Il s'ensuit un risque d'endoctrinement et de radicalisation. C'est en raison de la pollution mentale que certains croient que la terre est plate et que l'homme n'a jamais mis le pied sur la lune. C'est aussi en raison de cette pollution que certains entrent dans des mouvements extrémistes. C'est encore en raison d'elle que certains vont jusqu'à tuer au nom d'une idéologie, d'un mouvement ou d'une religion.
L'hypersexualisation est omniprésente sur les médias sociaux, au point de constituer un type de pollution mentale à part entière. On consomme des photos et des vidéos plus que coquines dans tous les domaines maintenant, y compris en cuisine. En quelques jours, certaines photos et vidéos deviennent virales. Sur Twitter, il y a beaucoup de pornographie, qui va de la simple indécence jusqu'à la promotion de diverses formes de paraphilie comme le sadomasochisme. Entendons-nous, je ne suis pas contre le visionnement de scènes érotiques tendres et artistiques dans le cadre de la vie conjugale comme moyen de pimenter les rapports intimes. Par contre, je m'insurge contre l'hypersexualisation des publications et la présence de la pornographie et de paraphilies sur les médias sociaux. Les algorithmes étant conçus de façon à faire consommer toujours plus de contenus de plus en plus explicites et de plus en plus violents, il s'ensuit un désordre de la libido, qui peut aller de la luxure à la perversion et à l'agression. Attention, je n'excuse en rien ni ne banalise les agressions, mais j'estime que la consommation de contenus pornographiques violents et de contenus d'horreur explique, du moins en partie, le comportement de certains. Avec une hypersexualisation omniprésente sur les médias sociaux, il est difficile de parvenir à la paix du corps et de l'esprit.
Pour éviter la pollution mentale, il convient de s'informer auprès de médias d'information fiables et non sur les médias sociaux. J'aime particulièrement la chaîne Al Jazeera; car elle offre une plus grande couverture que la plupart des autres chaînes. Les faits y sont exposés clairement et avec une grande impartialité. Cela dit, la neutralité absolue n'existant pas, le mieux est de consulter plusieurs médias d'information de divers pays, et ce, dans plus d'une langue, afin de se faire sa propre opinion sur l'actualité. De cette façon, il est plus facile de départager le vrai du faux, discerner les faits réels des « faits alternatifs » (fake news).
Il convient aussi d'éviter de cliquer sur les publications coquines et plus que coquines ainsi que sur les publications des mouvements anarchistes, complotistes, extrémistes, fanatiques, hégémoniques, séditieux ou suprématistes. Il convient également bien encadrer l'utilisation d'internet de façon à éviter que de telles publications soient consultées à la maison en installant un dispositif de contrôle parental. Ce contrôle permet de surveiller de près ce qui est consulté sur internet ainsi que de limiter le temps de connexion.
Si un membre du noyau familial se renseigne sur les médias sociaux et consomme des faits alternatifs (fake news) ou du contenu coquins ou plus que coquins, il est important d'avoir une conversation franche; il en va de l'harmonie au foyer. L'aboutissement de la conversation déterminera l'avenir de la famille.
Si une connaissance ou un membre de la famille élargie se renseigne sur les médias sociaux et tente de vous convaincre du bien-fondé de ses croyances et de ses habitudes, le mieux consiste à lui indiquer que vous évitez de vous informer sur les médias sociaux et de conjecturer l'actualité. Vous pouvez ajouter que vous préférez vivre le moment présent, cuisiner, jardiner, écouter de la belle musique et manger des plats délicieux. Habituellement, cette approche suffit pour changer le cours d'une conversation. Si ce n'est pas le cas, parlez d'un sujet qui vous passionne, comme la cuisine. Comme les personnes qui souffrent de pollution mentale ont tendance à faire une surconsommation de faits alternatifs, de théories et d'idéologies douteuses ainsi qu'à s'entourer de personnes qui partagent les mêmes points de vue, elle se détournera d'elle-même de vous.
Vous savez, mon père n'était pas très instruit, mais avait une forme de sagesse reposant sur le bon sens. Il disait qu'il est impossible d'échanger avec des personnes qui sont convaincues de détenir la Vérité. Ses solutions : se taire au début, faire semblant de cautionner les propos par un signe de tête, passer ensuite à un autre sujet, puis faire de l'autodérision sur son manque d'instruction. Il préférait de loin passer pour un simplet que de subir de longs argumentaires. Il réussissait toujours à s'en sortir.